Innovation sucer une Lillipop en réel pour avoir le goût en virtuel ?
Les casques de réalité virtuelle se focalisent sur le fait d’altérer notre vue pour créer des environnements imaginaires ou augmenter, elle sait aussi exploiter l’ouïe avec l’utilisation de sons spatialisés et le toucher avec le retour haptique dans les manettes, le casque lui-même, des gants vestes ou gilet.
Quelques accessoires ont aussi tenté d’ajouter l’odorat avec un diffuseur de parfum qui s’est heurté aux autorités sanitaires pour sa commercialisation. Mais personne n’avait envisagé d’ajouter le goût à nos expériences en réalité virtuelle.
Mais ça c’était avant la publication d’une étude de Yiming Liu et al, chercheurs de l’Université de la Ville de Hong Kong, sur des interfaces de gustation miniaturisées et portables pour la réalité virtuelle dans le très sérieux Proceedings of the National Academy of Sciences.
Allez, je vous explique ce nouvel accessoire de très bon goût pour la VR et j’en profite pour vous montrer d’autres innovations aussi savoureuses.
Sommaire
Voyage au pays des saveurs virtuelles et même de l’odorat !
La réalité virtuelle (VR) et la réalité augmentée (AR) changent déjà la façon dont nous voyons et entendons le monde qui nous entoure. Nous pouvons voir des paysages incroyables et entendre des sons fascinants, mais il manque encore une chose : le goût !
C’est exactement ce que des chercheurs de l’Université de la ville de Hong Kong essaient de réaliser avec la Lillipop, une sucette connectée diffuseur de différents goûts.
Pour améliorer encore l’expérience gustative dans ces scénarios, les chercheurs ont exploité le lien étroit entre l’odorat et le goût en ajoutant un composant olfactif. En plus des gels générateurs de goût, ils ont ajouté sept canaux pour les odeurs.
D’autres chercheurs de l’université de Tokyo avaient en 2011 déjà proposé un système de diffusion d’odeurs pour casques VR appelés Meta Cookies. J’apprécie beaucoup le design compact de l’objet (non ce n’est pas un appareil de torture pour traire les narines).
Tout aussi étranges, des chercheurs de l’Université de Chicago ont créé un système qui utilise des produits chimiques pour simuler des sensations de chaleur et de froid dans la réalité virtuelle (VR). En envoyant de légères doses de substances dans le nez, ils peuvent activer des nerfs qui font ressentir des températures différentes sans que l’utilisateur ne les sente réellement.
Par exemple, des composés comme la capsaïcine peuvent provoquer une sensation de chaleur tandis que l’eucalyptol peut déclencher une sensation de fraîcheur. Ce système est léger, efficace en énergie et permet une expérience immersive en VR en intégrant la perception de la température sans nécessiter d’équipement encombrant (enfin un peu quand même).
Une sucette technologie électrique pour avoir le goût
Les chercheurs ont d’abord essayé de simuler le goût de différentes manières, mais chaque méthode avait ses limites. Ils ont donc choisi d’utiliser un procédé doux, appelé ionophorèse, qui permet de déplacer des produits chimiques avec un faible voltage, bien en dessous du niveau de sécurité pour le corps humain (30 v). A priori rien de dangereux, d’ailleurs ces techniques de stimulation électrique sont déjà utilisées pour de l’électrostimulation ou pour créer un retour haptique par petites décharges (certains les trouvent fortes) comme dans les vestes de chez Owo (à partir de 299 €). Ceci n’est donc pas de la science-fiction.
Ici, chaque saveur est donc créée à partir de produits chimiques de qualité alimentaire (arômes) intégrés dans une poche de gel d’agarose (gélifiant alimentaire végétalien à base d’agar). Lorsqu’une tension électrique est appliquée au gel, les produits chimiques sont transportés à la surface dans un liquide qui se mélange ensuite à la salive sur la langue. Ce qui nous permet de goûter ces saveurs, presque comme si nous mangions une vraie sucette. En augmentant la puissance du courant, le goût devient plus intense.
Actuellement, la sucette connectée contient neuf saveurs différentes : sucre, sel, acide citrique, cerise, fruit de la passion, thé vert, lait, durian et pamplemousse.
Pour une meilleure facilité d’utilisation avec un casque VR, il fallait un objet simple à utiliser, compact et léger. L’idée du format d’une sucette intégrant des circuits imprimés ultra-fins et un extérieur en nylon imprimé en 3D chargée de différents gels/goûts. Ainsi pour 9 goûts la Lillipop ne pèse que15 grammes. Les chercheurs ont également testé des versions avec moins de gels différents pour en avoir plus de chaque et obtenir des saveurs plus fortes.
De nombreuses utilisations possibles du goût et de l’odorat en réalité virtuelle ou réalité mixte
Pour déployer un goût spécifique dans la bouche de l’utilisateur, la sucette est connectée en Bluetooth comme de nombreux accessoires de réalité virtuelle (caque audio, manette, clavier). Cette association permet d’envisage de nombreux cas d’utilisations amusantes ou professionnelles.
De par la conception matérielle d’un Lillipop, on peut imaginer une sucette pour une expérience. Un accessoire consommable ou rechargeable.
Jeux vidéo immersifs : Dans les jeux de simulation culinaire, les joueurs pourraient sentir et goûter différents plats qu’ils préparent virtuellement, créant ainsi une expérience de jeu plus engageante et multisensorielle.
Visites touristiques immersives : Lors de visites virtuelles de régions célèbres pour leur cuisine, comme la cuisine italienne ou thaïlandaise, les utilisateurs pourraient goûter des plats emblématiques et sentir les épices et les herbes typiques, rendant la visite plus authentique.
Éducation et formation culinaires : Les chefs en herbe peuvent participer à des cours de cuisine virtuels où ils peuvent non seulement voir et entendre les instructions, mais aussi goûter et sentir les ingrédients virtuels. Cela pourrait améliorer leurs compétences en cuisine et leur compréhension des saveurs.
Thérapeutique et gestion des aliments : Des applications de réalité virtuelle peuvent aider les personnes souffrant de troubles alimentaires en les exposant progressivement à des goûts et des odeurs. Cela pourrait leur permettre de surmonter leurs aversions alimentaires dans un environnement sûr et contrôlé.
Entraînement à la dégustation de vins, d’huiles ou autres : Les utilisateurs peuvent participer à des visites de vignobles virtuels où ils dégustent des vins tout en apprenant sur le processus de vinification. L’ajout de saveurs de fruits et d’odeurs de chêne améliorerait cette expérience immersive.
Marketing et Publicité : Les marques alimentaires pourraient utiliser des environnements VR pour tester ou lancer de nouveaux produits, permettant aux consommateurs de goûter des échantillons virtuels tout en découvrant les recettes et les histoires derrière les produits.
Shopping alimentaire virtuel : Les utilisateurs peuvent visiter des épiceries virtuelles où ils peuvent “ goûter ” virtuellement des échantillons de nourriture avant d’acheter, améliorant ainsi leur expérience d’achat.
Applications de Santé et de Nutrition : Les applications de santé pourraient guider les utilisateurs dans une alimentation équilibrée en leur permettant de goûter des alternatives saines. Cela pourrait aider à changer les habitudes alimentaires en rendant les choix sains plus attrayants.
Bien que ce projet soit encore en phase de développement et que le dispositif ne fonctionne qu’une heure avant de devoir être rechargé en gel, il représente une véritable innovation vers une expérience de réalité virtuelle encore plus immersive, où regarder, entendre et maintenant goûter se combinent pour nous plonger dans un monde totalement nouveau !
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