Brilliant Labs lance ses lunettes Gen3 : une interface d’IA légère, open source, conçue pour les développeurs et hackers imaginatifs.

Brilliant Labs Frame : nouvelles lunettes connectées

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Le 31 juillet 2025, la start-up Brilliant Labs, dirigée par l’ancien d’Apple Bobak Tavangar, s’apprête à lancer la troisième génération de ses lunettes connectées, dans un marché en pleine effervescence. Les Gen actuellement commercialisées au prix de 349 $ pour sa version « Smokey Black » évolue vers une version plus grand public mais toujours avec une philosophie audacieuse : être un outil « conçu pour les hackers imaginatifs ».

Loin de vouloir concurrencer frontalement les géants comme Meta ou Apple, Brilliant Labs propose une vision alternative. L’objectif n’est pas de créer un nouvel écran pour consommer des médias, mais de développer une interface homme-machine symbiotique, légère et open source, où l’intelligence artificielle générative devient une extension naturelle des sens.

Cependant, il est crucial de distinguer le produit « Frame » existant (Gen 2), sur lequel se basent la plupart des spécifications et critiques actuelles, du nouveau modèle (Gen 3) attendu fin juillet. Ce dernier promet un design « plus moderne », abandonnant le style rond de son prédécesseur. Ce rapport se propose d’analyser en profondeur la technologie et la stratégie de Brilliant Labs en se basant sur les données disponibles pour le modèle Frame, afin de déterminer si ces lunettes représentent une véritable révolution dans l’informatique ambiante ou si elles demeurent un prototype puissant mais confiné à une niche de développeurs, un « projet scientifique » de haute qualité.

Un design minimaliste pour une Technologie de Pointe

Le design du modèle Frame (Gen 2) est un acte délibéré, s’inspirant du style « Windsor » pour rendre hommage à des figures historiques comme Gandhi ou Steve Jobs, et ainsi ancrer l’appareil dans une lignée d’innovation de rupture. La priorité absolue est la légèreté (moins de 40 grammes) et le confort, rendus possibles par l’utilisation d’un plastique nylon. Cette obsession du poids se fait au prix de compromis stratégiques : l’appareil est dépourvu de haut-parleurs, recommandant l’usage d’écouteurs sans fil externes.

L’autonomie, annoncée pour une journée entière, n’est atteignable qu’avec l’aide d’un chargeur externe « Mister Power », un accessoire au design fantasque qui se clipse sur le nez des lunettes.

Ces choix illustrent une philosophie claire : privilégier la discrétion et la portabilité sur la puissance brute ou l’immersion totale. La nouvelle génération (Gen 3) semble poursuivre cette quête d’acceptabilité sociale en adoptant une monture plus contemporaine, signalant une volonté de séduire un public au-delà des premiers adeptes.

L’Affichage monoculaire : une fenêtre sur l’IA

Le cœur de l’expérience visuelle repose sur un micro-écran OLED couleur monoculaire, projeté dans l’œil droit via un prisme optique géométrique.

Frame Gen 2

Avec une résolution de 640×400 pixels et un champ de vision d’environ 20 degrés, l’expérience est comparable à celle d’un « iPad tenu à bout de bras ». Cet affichage est conçu pour des informations contextuelles et des notifications discrètes, non pour une immersion complète.

Sa luminosité élevée de 3000 nits est un atout majeur pour une lisibilité en plein jour, un défi technique pour de nombreux appareils de réalité augmentée.

L’architecture matérielle, orchestrée par un microcontrôleur nRF52 et un FPGA (Field-Programmable Gate Array) pour l’accélération graphique, est optimisée pour des tâches spécifiques liées à l’IA, plutôt que pour un usage informatique généraliste.

La caméra 720p, quant à elle, est pensée pour l’analyse visuelle par l’IA et non pour l’enregistrement, une décision qui vise à rassurer sur les questions de vie privée.

Noa, un orchestrateur d’Intelligences Artificielles

La véritable « raison d’être » des lunettes Frame est leur assistant IA, Noa. Plutôt que de développer son propre modèle, Brilliant Labs a intelligemment conçu Noa comme une couche d’orchestration qui agrège les meilleures IA du marché : OpenAI (GPT-4) pour l’analyse visuelle et la génération de texte, Perplexity pour la recherche web contextuelle, et Whisper pour une reconnaissance vocale et une traduction performantes.

Cette approche permet de proposer des fonctionnalités de pointe comme l’identification d’objets, la traduction en temps réel de panneaux ou de conversations, et la recherche d’informations sur ce que l’utilisateur est en train de regarder. L’accès à ces services est actuellement gratuit, soumis à un plafond mensuel, mais un abonnement payant est prévu pour les utilisateurs intensifs, positionnant de fait le produit sur un modèle économique de type « Hardware as a Service ».

Une plateforme ouverte : la philosophie « Designed for Hackers »

La plus grande force de Brilliant Labs réside dans sa stratégie radicalement ouverte. Le matériel et le logiciel sont entièrement open source, avec le code source complet (frame-codebase) disponible sur GitHub.² Cette transparence est un appel direct à la communauté des développeurs et des « hackers ». Pour les accompagner, la société fournit un ensemble d’outils robustes : un système d’exploitation basé sur le langage Lua, une extension « AR Studio » pour l’éditeur de code VSCode, et des utilitaires en Python.² Cette ouverture stratégique n’est pas qu’une posture philosophique ; elle est un mécanisme essentiel pour pallier les fonctionnalités limitées du produit « out-of-the-box ». En externalisant l’innovation logicielle à sa communauté, Brilliant Labs transforme une faiblesse potentielle en une force, créant une plateforme au potentiel quasi infini, alimentée par la créativité de ses utilisateurs les plus passionnés. Des projets communautaires variés, allant du téléprompteur pour présentations au client de navigation, en passant par des applications de fitness, témoignent déjà de la vitalité de cet écosystème.

Un marché concurrentiel : positionnement stratégique

Brilliant Labs entre dans une arène où s’affrontent des géants et des spécialistes. Face aux Meta Ray-Ban, la différence fondamentale est l’intégration d’un affichage visuel, qui fait de Frame un véritable appareil de réalité augmentée là où les Ray-Ban sont avant tout des lunettes caméra connectées.

Face aux spécialistes comme Xreal, la divergence est d’ordre philosophique. Les lunettes Xreal Air sont conçues comme des écrans virtuels portables, excellents pour la productivité et le divertissement, mais filaires et plus encombrants.

Frame, au contraire, ne cherche pas à remplacer un écran mais à offrir une assistance IA ambiante et mains libres. Ces produits ne sont donc pas en concurrence directe sur les mêmes cas d’usage, mais pour la même place sur le visage du consommateur.

Le prix et les barrières à l’adoption

Malgré une vision prometteuse, l’expérience utilisateur du modèle Frame actuel révèle un produit encore en maturation. Les critiques évoquent une qualité de fabrication perfectible (« science project quality ») et un manque de finition, avec des points de friction concrets comme l’absence d’indicateur de batterie ou de bouton d’alimentation physique. Cependant, la barrière la plus significative à une adoption large pourrait être économique.

Le prix de base de 349 $ est attractif pour les Frame Gen 2, mais il ne représente qu’une partie du coût total de possession.

Pour les porteurs de lunettes de vue, le système de clip correcteur « Rx Clip-On », proposé par le partenaire SmartBuyGlasses, représente un surcoût important. Alors que des verres simples débutent à 79 $, la facture peut rapidement grimper. Un devis pour des verres progressifs, par exemple, atteint 308 $ pour ma prescription en verres progressifs, doublant presque le prix de l’appareil. Cet investissement conséquent pourrait freiner de nombreux acheteurs potentiels, contredisant l’image d’un produit accessible.

Les lunettes Frame de Brilliant Labs ne sont pas, et ne prétendent pas être, le prochain smartphone. Elles représentent aujourd’hui l’incarnation la plus pure et la plus accessible d’un terminal d’IA ambiant. Leurs forces sont indéniables : une vision stratégique claire, une légèreté remarquable et, surtout, une communauté de développeurs dynamique galvanisée par une philosophie open source. Leurs faiblesses sont celles d’un produit pionnier : une maturité encore perfectible et un coût total de possession qui peut s’avérer élevé.

Le lancement de la nouvelle génération (Gen 3) le 31 juillet 2025 sera un test crucial. Si son design plus moderne et ses améliorations techniques parviennent à gommer certains des défauts de jeunesse tout en préservant son âme « hacker », Brilliant Labs pourrait bien consolider sa position unique. Pour l’heure, Frame est moins un produit de consommation de masse qu’une invitation fascinante, lancée aux développeurs et aux visionnaires, à venir co-construire le futur de l’interaction homme-IA.